Propreté

Ici, je parle de mon expérience, de mon opinion personnelle, qui en aucun cas n'est à prendre pour acquis. Il n'y a pas de portrait unique en adoption internationale, car il y a tellement de choses à considérer (âge de l'abandon, la façon dont l'abandon c'est fait, le nombre de milieu où l'enfant a vécu, la qualité du milieu de vie de l'enfant, l'âge de l'adoption et évidemment le caractère bien à lui de l'enfant). Alors, il n'y a pas de bonne ou mauvaise façon de faire. Tout ce que je décris, je l'ai fait en fonction de ce que je pensais qui était bon pour notre enfant, c'est-à-dire que j'ai écouté mon instinct maternel et je suis allé dans la direction où je me sentais à l'aise. Également, je voulais faire remarquer, que ce qu'on lit ou entend sur le sujet de l'adoption internationale, n'est pas toujours exact, car chaque enfant est unique. Pour notre garçon, ça c'est passé souvent à l'inverse de ce que je m'attendais à avoir comme réaction. Alors, ce blog sert à montrer l'autre côté de la médaille de l'adoption internationale.

Mettre fin aux couches constitue une étape importante dans le développement de l'enfant et celui-ci a son propre rythme de développement. On entend souvent dire qu'un enfant devrait normalement être propre à 2 ans, mais cela dépend de chaque enfant, en fonction de sa maturité physique (maîtrise du sphincter pour retenir ses selles et ses urines) et affective (bien comprendre ce qu'on attend de lui). La majorité des enfants seront propres de jour entre l'âge de 2 et 3 ans et cela peut aller jusqu'à 4 ans pour la nuit. En fait, on doit considérer la propreté de jour et de nuit comme deux étapes différentes qui seront réalisées en deux temps pour la majorité des enfants.

Lorsque notre garçon est arrivé à la maison, il avait 26 mois, et vu que la plupart des enfants occidentaux contrôlent leur vessie et leurs intestins entre 24 et 48 mois, je savais que je pouvais commencer, l'apprentissage de la propreté, quand nous serions prêt. Cependant, nous savions qu'il était plus important de concentrer nos forces vers une adaptation rapide et la création d'un lien d'attachement fort. C'est pour cela, que nous avons attendu quelques mois avant de débuter le processus de maîtrise des urines et des selles. Néanmoins, dès notre arrivée à la maison, nous avions déposé un petit pot près de la toilette pour piquer sa curiosité et nous laissions notre fils, à la maison, nous accompagner aux toilettes pour le préparer graduellement en le familiarisant avec les gestes et les mots reliés à l'élimination : «caca, pipi, pot, toilette».

Alors, ayant constaté que notre garçon avait une bonne coordination de ses mouvements (se déshabillait seul à l'occasion), qu'il nous avait demandé c'était quoi le petit pot à côté de la toilette («quoi ça?») et, que depuis presque 2 mois, il avait déjà acquis, en français, une compréhension des consignes simples («va porter ceci à papa»), la capacité d'exprimer ses besoins (il disait plus de 100 mots) pour lui permettre éventuellement de dire «envie de pipi!», nous sentions que c'était le temps de débuter l'apprentissage. Dans ces conditions, comme nous le laissions nous accompagner au toilette, je l'invitais à  m'imiter. Puisqu'il a appris à parler français en nous copiant, je me disais que notre enfant voudra également nous imiter pour faire ses besoins. Au départ, j'encourageais mon garçon à s'asseoir sur le pot tout habillé et en étant installé confortablement, les pieds posés au sol. Lorsqu'il a acquiescé à ma demande, j'ai pris soin de le féliciter. Par la suite, à chaque sortie du bain, je l'encourageais à vouloir s'asseoir sur le pot. Au début, il s'asseyait sans rien faire, mais le 68e jour suivant son arrivée à la maison, il a fait son premier pipi sur le pot. Je lui ai montré ma grande fierté à sa réussite et je lui ai proposé de coller un collant de son choix sur un calendrier que j'avais préparé pour son apprentissage à la propreté. Au cours du premier mois de réussite, il le faisait qu'une fois par jour, soit 3 fois aux 2 jours, une semaine sans le faire, 2 jours de suite et ensuite les réussites s'espaçaient. Comble de surprise, notre enfant a encore faussé les statistiques, car il a été, en premier presque tout de suite, propre la nuit. Par contre, pour les urines du jour ainsi que les selles, ça été plus long. Possiblement, qu'il n'était pas assez réceptif le jour et j'aurais dû attendre, qu'il me le démontre en ayant une couche qui reste sèches plusieurs heures, un désir de plaire et une grande volonté d'indépendance (il a montré qu'il était fier d'être capable de faire des activités tout seul presqu'un an après son arrivée). Donc, il n'était pas prêt et ne ressentait pas le besoin immédiat de faire comme papa et maman.

Mais, voyant qu'il utilisait le pot régulièrement et pour me faciliter la tâche après chaque tentative, j'ai décidé de passer aux culottes d'entraînement. Par contre, avec ces culottes, mon fils ne sentait pas qu'il était mouillé. Alors, j'ai décidé, quand même, de les utiliser mais, en les employant d'une autre façon. J'ai utilisé la technique des dessins pour lui faire comprendre sec et mouillé (dessins encore là = sec et dessins disparus = mouillé.) De plus, lorsqu'il démontrait qu'il était pour avoir une selle (s'accotait debout face vers le mur), j'essayais de le conduire au petit pot. Cependant, il n'acceptait pas ma demande et lorsqu'il le voulait, il était trop tard, car sa selle était dans sa culotte. Par contre, je mettais sa selle dans le pot et l'invitait à la déposer dans la toilette, en lui faisant des aurevoirs en tirant la chasse d'eau. Aussi, pour ses urines, j'ai essayé de le conduire au petit pot à des heures établies dans la journée (après le réveil, après les repas ou les collations et avant les siestes et le coucher ou le bain), afin d'établir une routine, mais il refutait mon désir en faisant une crise. En revanche, à chaque fois qu'il réussisait à uriner dans le pot, souvent après le bain, il  avait droit à un collant de son choix pour le coller sur le calendrier dans la porte d'armoire du lavabo de la salle de bain. Toutefois, j'ai constaté qu'il adorait les collants, mais ne faisait pas le lien que c'était dû à ses efforts. Par conséquent, j'ai décidé de ne plus utiliser la technique des collants comme renforcement positif. De toute façon, j'ai constaté qu'il commençait à avoir un désir de vouloir me plaire et le fait de lui montrer un excitement positif  à ses réussites (je lui démontrais que c'était la fête) semblait très bien fonctionner.

Puis, j'ai essayé, à la maison, la technique de le laisser avec des «culottes de grand garçon». Aussi, je lui demandais souvent s'il avait envie de faire pipi et la réponse était la plupart du temps «non». Cependant, j'encourageais les efforts. Mais, vu qu'il me répondait fréquemment de façon négative à mes demandes d'aller sur le pot, je calculais, suite à mes observations de mouillage de culottes, pantalons, bas et d'accumulation d'urine sur le sol, un temps fixe pour l'ammener obligatoirement au toilette. Évidemment, il faisait une crise, mais je faisais abstraction à ce comportement et je le déposais pareil sur le pot. Dès lors, je me suis vite rendu compte qu'il avait une grosse vessie et lorsque je l'ammenais au toilette, le plus souvent, il n'avait pas envie. Par contre, lorsqu'il y avait des accidents dans ses culottes, j'accumulais le linge mouillé dans la laveuse et vers la fin de la journée, je partais une brassée de lavage. Évidemment, je ne le chicannais pas et je lui disais que c'était un accident et que la prochaine fois, il y irait à temps, lorsqu'il sentirait qu'il aurait envie. Aussi,  j'essayais de ne pas me décourager des accidents dans les culottes, en me disant qu'ils étaient inévitables et qu'ils faisaient partie de l'apprentissage. Donc, le laisser mouiller ses culottes, j'ai fait cela pendant quelques semaines. Ainsi, suite à plusieurs accidents et à la constatation qu'en l'emmenant au toilette, avant qu'il en ressente le besoin, il ne pourrait pas apprendre ce que c'est d'avoir envie, j'ai décidé d'arrêter cette méthode.

Ensuite, vu qu'il avait regressé et avait perdu tout son acquis (n'était plus propre la nuit) et que je me suis rendu compte, que l'apprentissage de la propreté, je le faisais pour moi, j'ai pris la décision de tout arrêter. En effet, vu que c'était mon premier enfant et qu'il était déjà âgé, je voulais participer à la réussite d'une étape importante de sa vie. Je voulais qu'il soit propre avant qu'il rentre à la garderie, pour ne pas que ce soit la gardienne, qui lui fasse apprendre cet apprentissage. Par contre, je lui ai laissé ses culottes d'entraînement. Au-lieu de faire des changements de couche, nous faisions des changements de culottes d'entraînement. Également, je me disais que lorsqu'il sera prêt et qu'il saura c'est quoi avoir envie, il ressentira le désir de faire comme papa et maman. Donc, vu que je lui avais montré tout ce qu'il fallait faire pour être propre, c'était à lui, de faire la dernière étape, lorsqu'il en sentirait le besoin et dès lors, je l'accompagnerais vers la réussite. De toute façon, je ne m'avais pas avoué vaincu, car je savais que l'apprentissage prenait en moyenne de 3 à 6 mois. Mais j'avais plutôt pris la décision d'y mettre moins d'énergie, car  j'ai constaté que c'est une étape de vie où c'est l'enfant qui a le pouvoir de réussite.

Subséquemment, étant donné que nous avons continué avec les culottes d'entraînement, lorsque ceux-ci étaient secs et par conséquent, les dessins sur la culotte étaient encore là, nous lui faisions comprendre que c'était la fête et nous lui faisions un «give me five». Avec le temps, il a commencé à comprendre le principe des dessins sur les culottes et lorsque je lui demandais s'il était mouillé ou au sec, il me répondait la bonne réponse en me pointant la région où sont les dessins. De plus, lorsqu'il était au sec, je voyais de la fierté dans ses yeux. Alors, quelques semaines plus tard, soit 3 mois après son premier pipi sur le pot, il a fait un record de temps sans accident dans sa culotte d'entraînement. Ensuite, le lendemain, nous avions une sortie à l'extérieur de la maison et durant l'activité, il m'a dit «pipi».  Sur ces entrefaites, je suis allée à la toilette avec lui, mais j'étais surprise, car ça faisait longtemps qu'il ne me l'avait pas dit de son propre gré. Il a fait son pipi et j'ai remarqué que sa culotte d'entraînement était sec. Depuis cette journée, il a été propre le jour.

Après, avoir acquis la propreté le jour, il lui restait qu'a apprendre à contrôler ses urines la nuit. Sachant que ça pouvait survenir plusieurs mois ou mêmes plusieurs années plus tard et que par conséquent, il l'avait déjà acquis, je n'ai pas été stressé et j'ai laissé le temps arranger les choses. Alors, lorsque la nuit, il a réacquis la propreté, nous lui avons laissé le petit pot près de sa chambre à l'étage (avec la veilleuse allumée dans sa chambre) et nous lui avons acheté un petit siège pour la toilette du rez-de-chaussée. Cette décision a été prise, car lorsque mon garçon avait envie de pipi, la nuit, il venait me réveiller pour que j'aille au toilette avec lui (il n'était pas capable d'allumer la lumière de l'escalier) et j'avais plus de difficulté à me rendormir que mon garçon. Au début, soit qu'il se retenait toute la nuit et faisait son pipi en se levant le matin, soit qu'il se réveillait la nuit puis, allait sur son petit pot, près de sa chambre et retournait se coucher. Par la suite, j'ai constaté qu'il ne faisait que très rarement des pipis dans le petit pot et il était capable de se retenir toute la nuit. Donc, j'ai serré le petit pot et les rares fois, où il se réveillait la nuit (il pleurait lorsqu'il se faisait réveillé par l'envie de pipi), je lui ouvrais la lumière en le laissant y aller seul. D'ailleurs, il n'avait presque jamais eu d'accident et lorsqu'il y en avait, ça se limitait, la majorité du temps, à un petit pipi qu'il finissait dans la toilette.

Après avoir été propre le jour, il a très rarement eu des accidents. Au début, il avait tendance à attendre à la dernière minute, pour aller aux toilettes et quand il faisait la «danse du pipi», nous savions que ça urgeait et  que nous devions trouvé rapidement une toilette. Par la suite, nous lui demandions s'il pouvait attendre et il nous répondait par l'affirmaitif et du coup, il pouvait attendre plusieurs minutes avant d'aller à la salle de bain.

De plus, notre garçon a rapidement appris à ne plus utiliser le siège d'appoint. Lorsque nous sortions à l'extérieur, il n'y avait pas de petit pot ou de siège de disponible et dans ce cas, je le prenais, le déposais sur la toilette et je le tenais pendant qu'il se débrouillait pour faire le restant tout seul (se tenir sur la toilette et mettre un doigt sur son pénis pour éviter que le jet aille vers le haut). Évidemment, nous avons bien fait d'utiliser le petit pot plutôt que la toilette, pendant les premières étapes, pour que notre enfant s'y sente en sécurité et plus stable. Mais, j'ai constaté que les enfants ont une capacité d'apprentissage incroyable, car quelques temps après avoir commencé à ne plus utiliser de siège d'appoint ou de petit pot, il allait à  n'importe quelle toilette et la plupart du temps, il y allait seul. Il se glissait sur la toilette avec ses mains ensuite,  il se tenait avec ses mains et en ayant les pieds dans le vide et utilisait une main, lorsqu'il urinait. Aussi, pour s'essuyer, ça été rapide à le faire tout seul, car nous lui donnions comme excuse que nous n'avions pas le temps. Il ne nous a pas trop astiné, car il aimait savoir qu'il était un grand garçon. Pour l'usage du papier de toilette, dans son cas, il en prenait rarement trop, il fallait plutôt lui dire d'en prendre un peu plus et il a rapidement compris.

En conclusion, j'avais bien saisi avec mon instinct maternel, qu'au départ, il n'était pas prêt à apprendre la propreté. Cependant, j'ai bien fait de lui faire comprendre les principes de la propreté, pour que lorsqu'il a senti c'était quoi avoir envie, il a pu prendre la décision d'acquérir cet apprentissage. Alors pour terminer sur ce sujet, je dirais que c'est une étape, l'apprentissage de la propreté, où les parents n'ont pas le contrôle total.