Lien d'attachement

 Ici, je parle de mon expérience, de mon opinion personnelle, qui en aucun cas n'est à prendre pour acquis. Il n'y a pas de portrait unique en adoption internationale, car il y a tellement de choses à considérer (âge de l'abandon, la façon dont l'abandon c'est fait, le nombre de milieu où l'enfant a vécu, la qualité du milieu de vie de l'enfant, l'âge de l'adoption et évidemment le caractère bien à lui de l'enfant). Alors, il n'y a pas de bonne ou mauvaise façon de faire. Tout ce que je décris, je l'ai fait en fonction de ce que je pensais qui était bon pour notre enfant, c'est-à-dire que j'ai écouté mon instinct maternel et je suis allé dans la direction où je me sentais à l'aise. Également, je voulais faire remarquer, que ce qu'on lit ou entend sur le sujet de l'adoption internationale, n'est pas toujours exact, car chaque enfant est unique. Pour notre garçon, ça c'est passé souvent à l'inverse de ce que je m'attendais à avoir comme réaction. Alors, ce blog sert à montrer l'autre côté de la médaille de l'adoption internationale.

Lors de notre séjour, vu que notre enfant a commencé à se familiariser avec mon conjoint et par la suite, avec mon beau-père, ma confiance en moi en a été ébranlé. Évidemment, j'étais contente de voir que la familiarisation avec mon conjoint c'était fait instantanément, mais j'étais inquiète pour la mienne. J'étais stressée à l'idée que ça pourrait prendre des jours, voire des mois et des années à approfondir le lien qui  unirait mon fils à moi, car j'avais lu dans un livre, que les premières bases du sentiment d'attachement devaient se mettre en place tranquilement, mais sûrement, dès la phase d'apprivoisement. Je n'aurais pas dû en prendre ombrage, car il ne s'agissait que de familiarisation, d'une toute première étape qui, dans notre cas, n'a annoncé en rien la suite, c'est-à-dire le lien d'attachement.

Pour ce qui est du lien d'attachement, celui-ci est caractérisé par un lien d'affection profond de sécurité , de confiance et de sensation de se sentir aimé. En ce qui à trait au sentiment de grande sécurité et de confiance totale, celui-ci s'est tissé lorsque notre garçon a découvert des réponses adéquates à ses détresses. Par exemple, lorsqu'il se rendait compte que lorsque j'allais aux toilettes, je revenais à chaque fois et que je ne l'abandonnais pas. Pour notre histoire, notre garçon c'est tout de suite senti aimé et nous avons senti qu'il nous aimait, pour mon conjoint dès la première rencontre et pour moi, dès la première journée à la maison. Par contre, pour le sentiment de confiance totale, ça pris un mois, avant que je puisse aller aux toilettes sans qu'il y ait une crise de panique, qui pouvait être calmé rapidement (les autres lui disaient que j'allais revenir et  les photos de mon conjoint et moi, qu'ils y avaient chez nos familles le sécurisaient). Vu qu'il n'a pas eu  à développer des moyens pour se calmer seul, qu'il n'a pas vécu constamment la rage, la frustation, la peur et le désespoir, par conséquent il a conclut que le monde extérieur est fiable et sans danger et que nous étions dignes de confiance. Donc, les premières bases du sentiment d'attachement peuvent débuter, après la phase d'apprivoisement et dès la phase d'adaptation, qui a commemcé dans notre cas à la maison, en ayant une présence constante et rassurante avec l'enfant. Alors, il faut, lors du séjour, ne pas se stresser et laisser le temps à chacun d'apprendre à se connaître. Lors du retour à la maison, l'enfant commence à s'adapter à son nouveau milieu de vie et c'est le moment de prendre le temps de favoriser l'apprentissage de toutes les nouvelles connaissances nécessaires pour vivre dans son nouveau milieu et aider notre enfant à se sentir important, valable et de plus en plus en sécurité.

Selon, certains spécialistes, c'est au début des premières bases du sentiment d'attachement et d'une façon inconsciente, que l'enfant décide ou non de faire confiance et de s'engager sans crainte. Lorsque je l'avais lu, ça m'avait mis un certain stress sur les épaules. Par contre, j'aurais dû me fier aux nombreuses histoires d'adoption qui m'entourent et de constater que ce n'était jamais arrivé, qu'un enfant décide de ne pas faire confiance et donc de ne pas s'engager dans la nouvelle relation parent-enfant. Cela peut, évidemment arriver à l'occasion, mais selon mon opinion, lorsque l'enfant a un début de vie très difficile (multiplication des ruptures avec les adultes importants et significatifs de l'enfant, négligence physique et affective, stress dû à la violence et aux abus). Alors, vu que ce n'était pas le cas de notre fils, j'aurais pu éviter ce stress durant notre séjour aux Philippines.

Suite au lien d'attachement, qui c'est fait rapidement et qui était très fort, nous avons dû commencer un sevrage pour qu'il puisse grandir sereinement, faire ses expériences, s'éloigner de quelques mètres, demeurer avec un autre adulte quelques heures tout en ayant le sentiment profond d'être en sécurité. Cela a débuté avec des personnes significatives, après presque deux semaines suite à notre retour des Philippines. Nous l'avons fait gardé par les parents de mon conjoint pour quelques heures, soit le temps de magasiner. Cette première fois, c'est déroulé très bien et sans aucune crise, vu que notre fils avait connu mon beau-père aux Philippines et lui a permis de mieux connaître sa mamie (ma belle-mère). Par la suite, lorsque nous avions besoin de le faire garder, nous  le redemendions à mes beaux-parents et ma belle-soeur, lorsque ceux-ci n'étaient pas disponible. Ensuite, il y a eu la garderie, que nous avons débuté après mon congé d'adoption de 37 semaines. Pour qu'il se sente en confiance avec cette nouvelle dame, nous l'avons rencontré tous ensemble quelques jours avant qu'il débute la garderie, pour qu'il voit que nous étions en confiance et qu'il le comprenne avec nos attitudes envers elle. Ça c'est, encore, très bien passé (sans crise) et nous l'avons fait garder une fois semaine pendant 7 semaines. Puis j'ai débuté un nouveau travail qui lui a permis de mieux connaître les nouveaux amis de la garderie 5 jours semaines. Après environ 1 an suivant son arrivée, soit à l'âge de 3 ans, nous l'avons inscrit à la gymnastique. Cette fois-ci, ce fut un peu plus difficile, car il ne voulait pas être seul avec l'entraîneure et les autres enfants. Par contre, nous restions pour le regarder pendant l'heure du cours, mais il ne voulait pas que nous nous éloignions. Il marquait son désaccord en refusant de participer au cours. Nous l'avons laissé faire son «monsieur baboune», en lui laissant faire comprendre qu'il devait rester tout le long du cours, même s'il ne voulait pas participer. L'entraîneure a été très compréhensive, en essayant de lui montrer certaines activités, mais le laissant faire s'il refusait. D'ailleurs, il n'était pas le premier à réagir comme cela (les enfants biologiques réagissent aussi comme cela). Lors du 4e cours, il a décidé de participer et a développé une belle relation d'amitié avec un autre garçon du groupe ainsi qu'avec l'entraîneure. En plus, 1 an après ses débuts en gymnastique, il a été élu étoile du mois dans son groupe. Cette récompense le félicitait pour son excellent comportement et son amélioration. Donc, ces abandons thérapeutiques dans sa routine de vie, lui ont permis de développer son autonomie, ses habiletés sociales, sa confiance en lui et envers nous et ainsi, tendre à un équilibre entre la dépendance normale d'un enfant envers son parent.

Également, lors de nos visites chez nos familles et amis, je ne leur ai jamais demandé de ne pas prendre notre enfant, car  j'ai constaté, lors de notre séjour aux Philippines, qu'il n'y pas de hiérarchie dans l'attachement. Cependant, je tenais compte des besoins de notre enfant et si je sentais qu'il était mal-à-l'aise face à un membre de nos familles ou amis, je les avisaient de lui laisser du temps, car ça faisait beaucoup d'inconnus à rencontrer. Également, je me suis vite rendu compte, lors de nos visites, que notre garçon se référait à nous, mon conjoint et moi, pour faire confiance à ces nouveaux visages et lui permette de se sentir en sécurité. S'il ne nous avait pas vu embrasser les joues des membres de nos familles et amis, il les repoussait en chignant légèrement. Par contre, lorsque j'attirais son attention pendant que je m'apprêtais à donner des baisers sur les joues de nos proches et que mon garçon me voyait le faire, il leur donnait, lui aussi par la suite, des bisous sans rien dire.

Donc, vu la très belle histoire du début de vie de notre enfant, il n'est pas vrai de dire que tous les enfants adoptés doivent relever des défis d'attachement avec leur parent adoptant : facilité exagérée avec les étrangers, attention éparpillée, etc. J'ose faire cette affirmation en me basant sur ce que dise les spécialistes. «D'un point de vue physiologique, la capacité de s'attacher se développe avant l'âge d'un an, plus particulièrement à partir de neuf mois». Il est arrivé dans sa famille d'accueil avant l'âge d'un mois et y est resté jusqu'à notre arrivée, soit à 26 mois. Aussi, ils affirment que «les calins et la présence rassurante d'un adulte ont ainsi un effet direct sur le développement du cerveau. Autrement dit, les câlins nourissent le cerveau.» Lors de notre séjour aux Philippines, nous avons vu notre garçon donné des bisous à la dame et au monsieur lorsqu'ils entraient dans l'appartement, car c'était une coutume philippine qu'il devait faire pour montrer son respect envers eux. Également, les professionnels soutiennent «qu'entre 12 et 18 mois, l'enfant vit sa période dite d'inhibition sociale, et par conséquent il apprend ce qui est bon et ce qui est mauvais grâce aux réactions des gens avec qui il est en relation. Après s'être d'abord attaché à une figure représentative entre 9 et 14 mois, le cerveau en appelle maintenant à la régulation. On peut donc voir ici toute l'importance de la nourrice ou de la soignante dans les soins de l'enfant. Par des sourires ou des gros yeux visant à approuver ou à désapprouver l'enfant, c'est toute l'imbrication hormonale et neurologique qui se module ainsi, sans que rien n'y paraisse». Ayant eu autour de notre garçon, pendant 2 ans, une nounou à son service exclusif et une famille d'accueil très très bien aisé financièrement et ayant d'autres employés et que ceux-ci s'assuraient 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 qu'il ne manquait de rien, je suis assuré que des sourires et des bons soins il en a jamais manqué. Alors, ayant pu connaître ce qu'était un lien d'attachement fort, il a vécu facilement et automatiquement la même chose avec nous. Nous n'avons jamais eu de problème à lui donner de calins et en recevoir, car il était en terrain connu. Également, les spécialistes disent que «les enfants bénéficiant d'un lien d'attachement sécure deviennent confiant et développe généralement une bonne estime d'eux-mêmes». C'est ce que nous sentions de notre fils en le voyant se développer avec nous. Je le regardais et je constatais qu'il avait confiance en les personnes qui s'occupaient de lui (parents, famille, amis, gardienne et entraîneure) et il avait une confiance en lui très développée. Il était plutôt rare qu'il n'essayait pas quelque chose, car il savait qu'il était capable. Il fallait plutôt lui expliquer que certaines choses, il était encore petit pour le faire seul, car dans sa tête d'enfant, il pensait qu'il pouvait faire tout ce que maman et papa faisaient.

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