Familiarisation

Ici, je parle de mon expérience, de mon opinion personnelle, qui en aucun cas n'est à prendre pour acquis. Il n'y a pas de portrait unique en adoption internationale, car il y a tellement de choses à considérer (âge de l'abandon, la façon dont l'abandon c'est fait, le nombre de milieu où l'enfant a vécu, la qualité du milieu de vie de l'enfant, l'âge de l'adoption et évidemment le caractère bien à lui de l'enfant). Alors, il n'y a pas de bonne ou mauvaise façon de faire. Tout ce que je décris, je l'ai fait en fonction de ce que je pensais qui était bon pour notre enfant, c'est-à-dire que j'ai écouté mon instinct maternel et je suis allé dans la direction où je me sentais à l'aise. Également, je voulais faire remarquer, que ce qu'on lit ou entend sur le sujet de l'adoption internationale, n'est pas toujours exact, car chaque enfant est unique. Pour notre garçon, ça c'est passé souvent à l'inverse de ce que je m'attendais à avoir comme réaction. Alors, ce blog sert à montrer l'autre côté de la médaille de l'adoption internationale.

Tout d'abord, aux Philippines, les enfants adoptés ne vivent pas habituellement un grand choc à la grande rencontre, ou tout de même qu'un léger bouleversement dépendemment du tempérament de l'enfant. Ce résultat est en grande partie dû au procédé de l'ICAB, qui prépare les enfants à leur adoption. Après avoir accepté la proposition, ICAB remet, à la famille d'accueil  ou à l'orphelinat de l'enfant, les photos qui ont été mis dans le Dossier des parents adoptifs. De plus, lorsque la lettre d'acceptation de la proposition est envoyé à ICAB, il doit y avoir un petit album avec des photos de  la famille et de la maison. Pour ce qui est de la famille d'accueil de notre enfant, celle-ci présentait notre photo 8 1/2 x 10, que nous avions mis dans notre Dossier, à tous les soirs à notre enfant. Notre garçon donnait des bisous à notre portrait en disant «Good night Mommy» et «Good night Daddy». Également, ils lui ont montré notre album-photo, que notre enfant pouvait regarder  à tout moment. Aussi, la famille d'accueil ne s'est jamais fait appelé «Mommy» et «Daddy», mais plutôt «Ninang» et «Ninong», qui veut dire «marraine» et «parrain» en Tagalog, langue officielle des Philippines. Donc, dans notre cas, la famille d'accueil a essayé, du mieux qu'elle pouvait, d'expliquer à notre garçon de 22 mois la fonction d'un papa et d'une maman. Alors, dès la première rencontre, il savait qui nous étions et ce qu'on lui voulait, c'est-à-dire, être ses parents. Bien entendu, au début, il nous a analysé et étudié. Il a fallu du temps, car il ne nous connaissait pas encore et il n'était pas sûr s'il était en sécurité avec nous. C'est ce que j'appelle la familiarisation, qui a duré, dans notre cas, tout le long du voyage et quelques semaines après l'arrivée à la maison.

Ensuite, la rencontre de notre trésor c'est fait en douceur, c'est-à-dire, que nous lui avons fait vivre une transition. Il n'a pas vécu un changement rapide de l'univers des odeurs, des goûts, des sons et des personnes qui prennent soin de lui et cela lui a évité un sentiment de grande insécurité et il ne s'est pas senti kidnappé par ses nouveaux parents. La première journée a servi à la rencontre et à  la connaissance de son milieu de vie, les jours suivant ont permi de vivre avec lui dans son milieu de vie, ensuite il y a  eu son arrivée à notre chambre d'hôtel et finalement sa famille d'accueil a passé quelques moments avec nous avant que nous reprenions l'avion. Pour plus de précisions, je détaille les jours dans «Prendre en charge l'enfant» dans les étapes d'une Adoption  Internationale. Cette transition a été orchestré par la famille d'accueil qui s'est battu avec les travailleuses sociales, qui n'étaient pas d'accord avec ce procédé de rencontre. Voyant que nous voulions allés dans le même sens que la famille d'accueil, les travailleuses sociales n'ont pas eu le choix de nous laisser faire. Donc, dans notre cas, la famille d'accueil a bien fait de se battre pour le bien-être de notre enfant, car il n'a pas vécu un état intense de choc et ne s'est jamais senti en danger avec nous. Également, je crois que ce procédé, la transition du milieu de vie de l'enfant vers sa nouvelle famille, devrait être la norme et non de donner l'enfant aux parents seulement quelques heures après la grande rencontre. 

Aussi, la transition nous a évité de vivre la commotion entourant la nourrice, qui ne veut pas se séparer de l'enfant et qui pleure devant les parents. Nous n'avons jamais eu l'impression d'arracher notre enfant à son milieu de vie. Évidemment sa nounou a eu des émotions, nous l'avons vu avoir les larmes aux yeux, mais elle a pu les vivre sereinement, c'est-à-dire, en prenant le temps de bien les vivre. Nous avons peu parlé avec la nounou, car elle ne parlait pas beaucoup anglais (elle parlait le Tagalog) et semblait être timide. Par contre, la dame de la famille d'accueil nous a confirmé qu'elle était sereine de le voir partir, car elle a vu, à plusieurs reprises, que notre garçon était heureux en notre présence. Donc, la transition a été bénéfique pour tout le monde et a permis à chacun de vivre ses émotions paisiblement sans aucun choc.

De même, la transition a permis, à  mon conjoint et à moi, une acclimatation à cette nouvelle réalité. Habituellement, il est préférable de limiter les activités au maximum, pendant les 48 heures suivant l'arrivée, pour se reposer du voyage (26 heures) et tenir compte du décalage horaire (13 heures en avant). Ce qui n'a pas été notre cas et en conséquence, nous avons dû nous acclimater rapidement à la nouvelle pression barométrique, à la chaleur et à la lourdeur de l'air. En effet c'est la transition qui nous a permis de nous reposer, car nous revenions à l'hôtel sans notre enfant le soir. Donc, la transition et l'accompagnement de mon beau-père, qui nous a aidé dans nos moments d'inquiétudes, ont permis à ce que le séjour ne soit pas trop déstabilisant pour nous et notre enfant.

Pour ce qui est des semaines suivant notre arrivée à la maison, notre garçon a vécu un deuil émotif de son ancienne vie, qui a été caractérisé par un léger état dépressif (il n'était plus la boule d'énergie que nous avions connu aux Philippines). Cependant, nous croyions que le fait de ne pas jouer avec ses jouets en était une expression de cet état de deuil, mais nous avons plutôt appris qu'aux Philippines, il n'y a pas cette même culture de jeu (les enfants jouent très rarement avec des jouets, mais écoute plutôt la télévision). Également, il a nommé quelque fois sa nounou dans la première semaine, mais nous n'en avons pas tenu compte et avons  concentrés son attention sur le fait que papa et maman étaient là. Par contre, il n'a jamais arrêté de nous donner des marques d'affection et nous remarquions qu'il se sentait très bien en notre présence (sourire lorsqu'il  était en notre présence). Après quelques semaines, il a appris à jouer et à commencer à redevenir le garçon que nous avions connu aux Philippines. De même, quelques mois après son arrivée, nous avons constaté qu'il avait tout oublié de son ancienne vie. Notre garçon de 2 ans a vécu son deuil en s'investissant totalement dans une nouvelle relation parent-enfant et à balayer de sa mémoire sa vie avant nous. Nous avons constaté, qu'il ne se souvenait plus d'avoir pris l'avion et ne semblait pas se souvenir qu'il y avait eu d'autres personnes que nous, qui c'était occupé de lui.

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